A l’évidence, la littérature nous accompagne et nous aide dans l’aventure de la connaissance de soi: elle nous donne accès à une expérience humaine, vécue ou non, et nous offre des mots. La souffrance, c’est souvent la difficulté à dire : trouver les mots permet d’ouvrir notre espace intérieur, de le décloisonner.
Cette ouverture à « l’espace de vie » quasi infinie que nous donne à vivre la littérature peut s’illustrer à travers mille exemples mais il en est un dont la force symbolique est remarquable : « Magellan » de Stefan Zweig. Parti en 1519, Magellan et sa flotte de 5 navires quittent le vieux continent à la recherche du passage conduisant de l’océan Atlantique à l’océan Indien …
Ce voyage, cette incroyable épopée humaine, n’est-il pas celui de tout homme qui part à la découverte de lui – même ? Cet aventurier visionnaire parti au-delà des mers, contre l’avis de tous, et qui, prisonnier d’un dédale, de ce détroit, qui porte aujourd’hui son nom, est allé au bout de son intuition : il a franchi tous les obstacles pour rejoindre une terre riche de promesses, celle d’un horizon nouveau avec tous ses possibles ?
Stefan Zweig écrit dans son journal personnel de 1912 à 1940 : « La loi de mon existence est de ne rien retenir, de ne rien désirer, de n’attraper que ce qui vient à moi, ce qui reste à moi ».